Euthanasie : faire le mieux sans chercher à faire le bien
Ce jeudi 7 octobre 2021, le Professeur Dominique Jacquelin (UCLouvain – bioéthique) est venu nous parler de l’euthanasie, « une volonté de vivre et de mourir » car si elle est avant tout une demande d’en finir, elle peut représenter également – et c’est un paradoxe – une volonté de « rester le vivant que l’on était ». Mourir pour vivre mieux.
Plusieurs lois encadrent l’euthanasie
L’euthanasie est encadrée par plusieurs lois qui ont le mérite de pousser la réflexion plus loin, tout en poursuivant la recherche essentielle d’une plus grande autonomie pour la personne souffrante. Ces lois ont des côtés positifs puisqu’elles invitent les professionnels de la santé, et dans leur sillage les institutions, à réfléchir au sujet. Par ailleurs, ces lois réduisent les pratiques sauvages. De quelles lois parle-t-on ? De celles régulant dès 2002 les droits du patient, l’euthanasie et les soins palliatifs.
Ce que l’euthanasie n’est pas
L’euthanasie n’est pas un arrêt des traitements ou l’administration d’antalgiques ou sédatifs. Ce n’est pas non plus un droit mais une possibilité dont peut se saisir la personne souffrante. L’euthanasie, c’est un acte pratiqué par un médecin qui met intentionnellement fin à la vie d’un patient à la demande de celui-ci.
Quand peut-on demander d’euthanasie ?
Pour pouvoir répondre à une demande d’euthanasie, trois conditions doivent être remplies:
- la personne doit souffrir d’une affection incurable grave;
- les souffrances physiques et psychiques doivent être constantes, insupportables et impossibles à apaiser;
- la demande doit être volontaire, ferme, répétée et faite hors de toute pression extérieure.
Dans de plus rares cas, la demande d’euthanasie concerne un mineur ou des personnes souffrant de troubles mentaux ou du comportement (affections psychiatriques, troubles de la personalité, maladie d’Alzheimer, etc.).
Qui demande une euthanasie ?
2.1% des décès en Belgique sont consécutifs à une euthanasie (2019).
La demande d’euthanasie est généralement faite par des personnes souffrant de cancers ou de polypathologies, soit un ensemble de maux qui génèrent une souffrance physique mais aussi psychique. La demande d’euthanasie est aussi le fait de personnes épuisées par la longueur d’une prise en charge dont ils cherchent à sortir. Il est toutefois intéressant de noter que nombre de patients renoncent à leur demande d’euthanasie lorsqu’ils passent à l’expression écrite de cette demande.
Souffrance du professionnel aussi
L’euthanasie n’est pas un droit et le praticien de santé, le médecin, l’infirmier, peut refuser de prendre part à l’acte. Il invoquera alors une clause de conscience. En effet, ne négligons pas non plus la souffrance du professionnel de la santé amené à pratiquer une euthanasie. Cet acte est pour lui une transgression morale, dès lors que son métier est de soigner les gens, voire de leur sauver la vie. Ainsi, certains professionnels renonceront. D’autres s’assureront tout au long du chemin qu’ils ont fait le mieux sans chercher à faire le bien. Car pratiquer une euthanasie reste un acte dont il est difficile de dire qu’on a fait le bien, alors qu’on a ôté la vie à quelqu’un, fut-ce à sa demande.
Position de l’Église
L’Église catholique considère que la vie est sacrée, qu’elle est un don de Dieu et que l’on ne peut aller à son encontre en participant à une euthanasie. Un certain pragmatisme poussera toutefois le croyant à prendre ses responsabilités en fonction de la situation réelle, tenant compte de ce que dit l’Église.
Pour en savoir plus: https://www.health.belgium.be/fr/sante/prenez-soin-de-vous/debut-et-fin-de-vie/euthanasie
*Merci à Sandrine pour ce magnifique compte-rendu *
Unité Pastorale de Chastre (BE) 